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Une K-RYOLE sur les chantiers

Un dispositif électrique ingénieux pour soulager le travail des ouvriers sur les chantiers de construction, voilà notamment ce que propose K-Ryole, jeune start-up. Visant initialement à faciliter le transport à vélo, c’est grâce à un partenariat avec Bouygues Construction que K-Ryole s’est lancée dans le défi fou d’utiliser sa technologie sur les chantiers.

 

Un véritable mode de collaboration gagnant-gagnant entre un grand groupe et une start-up pour innover qui nous est expliqué par Nicolas Duvaut, co-fondateur et CEO de K-Ryole.

 

Comment a débuté l’aventure K-Ryole ?

Tout est parti d’un constat : on veut transporter de plus en plus de choses, développer de plus en plus de services alors qu’on circule de plus en plus difficilement en ville. Le seul qui ne semble pas pâtir de ce problème : le vélo. Nous avons alors eu l’idée de développer une remorque intelligente pour vélo. Elle s’attèle derrière n’importe quel vélo et permet de transporter sans effort tout type de charge de plusieurs centaines de kilos.

 

Un capteur placé sur l’axe entre le vélo et la remorque mesure l’effort et une intelligence embarquée pilote les moteurs de chacune des roues de la remorque de telle manière à rendre l’effort nul. La remorque freine, tourne, accélère à l’allure du vélo et le cycliste n’a pas d’effort supplémentaire à fournir alors qu’il tire une charge de 250 kg. Aujourd’hui, la Poste, Bricorama, Carrefour, Auchan, Biocoop, Franprix … utilisent K-Ryole pour livrer leurs clients.

 

Le succès est tel que la production est quelque peu saturée.

 

Et qui a eu l’idée d’utiliser la technologie K-Ryole sur des chantiers ?

C’est Bouygues Construction. Il y a un an, on a diffusé sur les réseaux sociaux une vidéo d’une petite fille qui tirait sans effort une K-Ryole contenant 3 adultes. Bouygues Construction a vu cette vidéo et a vu une réponse à un de ses besoins. Sur les chantiers, s’il faut transporter des charges de 2 ou 3 tonnes, on peut utiliser des engins. Pour les palettes, on peut utiliser des transpalettes et des Fenwick électriques sur sols lisses.

 

Mais dès que les sols sont agressifs ou qu’il faut aller dans les étages, il n’existe pas de moyen autre que le port manuel de charges par les ouvriers. En plus, ils ont tout de suite été séduits par la simplicité de notre technologie : ni boutons, ni manipulations compliquées.

 

C’est ainsi qu’ils nous ont demandé d’adapter notre dispositif aux contraintes et besoins des chantiers : des roues crantées de moto cross, des pneus increvables, des protections robustes, un dispositif grutable et surtout un châssis qui puisse être modulé sur le chantier selon la nature du chargement : gravas, sable fin mais aussi contreplaqué, planches, étais … Nous étions en fait en train d’inventer la brouette intelligente.

 

Comment êtes-vous alors passés du concept au produit ?

K-Ryole a dédié un chef de projet à temps complet au projet et en 8 mois nous avions un prototype fonctionnel. Nous l’avons testé sur 5 chantiers différents avec des contraintes différentes (chantiers de réhabilitation, d’infrastructures, de bâtiment …). Le dispositif a tout de suite été très apprécié car il répond efficacement aux besoins : simplicité d’utilisation, modularité et robustesse.

 

Depuis ces essais lancés il y a 5 mois, nous avons pu lancer la pré-série et Bouygues Construction a passé sa première commande en volume. Et nous commençons déjà à travailler avec Pic Construction, Vinci, Eiffage …

 

Bouygues Construction ayant été à l’origine de cette nouvelle application pour votre technologie, vous n’avez pas du leur accorder une exclusivité dans leur secteur d’activités ?

En effet, c’est Bouygues qui est arrivé avec le cas d’usage mais ils sont aussi conscients qu’il faut que le dispositif soit produit en volume pour qu’il soit robuste et aussi pour que son prix de revient soit moins élevé. Une exclusivité aurait donc été contreproductive pour eux. Ce qu’ils voulaient : un développement sur-mesure avec la primeur du design car le produit a été développé avec eux, et un prix moindre par rapport à la concurrence.

 

Le service Innovation de Bouygues Construction a vraiment été très smart dans sa manière de collaborer avec nous et c’est véritablement un contrat de confiance qui a été fait entre nous : nous n’avons même pas signé de contrat de confidentialité ou autre. On a fait le pari de la confiance et de l’agilité.

 

C’est ainsi qu’en moins d’un an, on est arrivé au passage en série, ce qui est sincèrement inimaginable pour un projet d’innovation au sein d’un grand groupe.

 

Comment expliquez-vous une telle fluidité voire simplicité dans votre collaboration ?

Je pense que la clé est que nous comprenons très bien notre fonctionnement et nos contraintes réciproques. Mon associé et moi travaillions dans des grands groupes avant de fonder K-Ryole. Et aujourd’hui, nous travaillons exclusivement avec des grands groupes. Nous comprenons leur process, leur complexité et leur inertie. Cela nous permet d’avoir les bons réflexes et de connaître le timing et la manière dont les décisions sont prises.

 

Par exemple, ce n’est pas parce que la directrice innovation est emballée par un produit que l’utilisateur final va être convaincu ainsi que son chef. Il y a plein de subtilités qu’il faut maîtriser mais quand on les maîtrise, on peut véritablement développer des produits qui révolutionnent leur fonctionnement.

 

Une de nos pratiques qui me semble indispensable dans la collaboration grand groupe / start-up est que nous ne travaillons jamais gratuitement pour fournir un prototype. Quand on rencontre un chef de projet, il est difficile de savoir si le projet qu’il veut mettre en place est véritablement porté par l’entreprise ou juste une lubie personnelle. Cette demande de budget permet de valider le projet en interne et de s’assurer qu’on touche des décisionnaires au sein de l’entreprise. Surtout que nous vendons toujours nos prototypes assez chers (4 fois le prix de série) car ils nous coûtent chers.

 

Tout comme nous comprenons le fonctionnement des grands groupes, le service innovation de Bouygues Construction comprend très bien le fonctionnement des start-ups. Ils ont tous été formés à l’extérieur de l’entreprise et maîtrisent le management de l’innovation. Ils nous considèrent comme des partenaires et on ne cherche pas à affaiblir son partenaire mais à le mettre dans le meilleur contexte qui soit pour qu’il soit performant.

 

Par exemple, ils n’ont pas exigé de prix négocié pour les trois premières séries : ils sont conscients qu’au démarrage le produit ne peut pas être rentable car le process n’est pas optimisé. Ils ont donc accepté de payer 20 % plus cher que le prix qu’ils auront par la suite. Et pour préserver notre agilité, ces trois premières séries n’ont pas été gérées avec le service Achat mais avec le service Innovation qui est resté notre interlocuteur.

 

On est dans une véritable relation gagnant-gagnant dont l’agilité et la confiance sont les maîtres mots.

 

Nous nous sommes rencontrés pour parler développement durable mais finalement nous l’avons très peu évoqué. Votre technologie n’est-elle pas avant tout une technologie avec un impact environnemental positif ?

Avoir un impact positif sur la planète en remplaçant la voiture ou en améliorant les conditions de travail des gens, c’est ce qui nous fait nous lever tous les matins chez K-Ryole. Mais ce n’est pas ce qu’on vend. Quand on travaille en France avec des grands groupes, ce n’est pas l’argument écologique et sociétal qui nous permet de passer la porte ou tout du moins de toucher les décisionnaires. On vend donc de la performance économique.

 

Réduire les troubles musculosquelettiques et les douleurs de dos des travailleurs est un vrai gain pour l’employeur : un gain de temps, un gain d’image. Avec cette version pour les chantiers, nous avons un impact sur la santé des ouvriers et donc sur le coût du chantier. On a beau dire que « green c’est bien », il faut avant tout être performant économiquement et l’argument green n’est que la cerise sur le gâteau.

 

Par contre, quand nous aborderons le marché du particulier avec notre remorque pour vélo, ce sera différent. L’impact économique sera mis au second plan, au profit de l’impact environnemental et du remplacement de la voiture par le vélo.

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